eRikm/Michel Doneda - Razine (Monotype, 2011)

J'imagine que tous les lecteurs de ce blog ont déjà entendu et vu à plusieurs reprises aussi bien eRikm que Michel Doneda. Rien de commun entre leurs instruments (platines, sampleurs et électronique pour le premier, saxophones soprano et sopranino plus radio pour l'autre), mais là où les deux improvisateurs français se rejoignent, c'est dans la virtuosité et l'étalage de savoir-faire. Après le duo réductionniste Butcher/Nakamura, Monotype nous propose donc Razine, suite de trois improvisations électroacoustiques puissantes et épileptiques.

Enregistrement live de deux pièces de vingt minutes chacune et d'un court rappel, Razine est constitué d'improvisations souvent très énergiques, mais qui peuvent aussi être calmes et méditatives à certains moments, même si elles sont la plupart du temps plutôt kaléïdoscopiques voire dadaïstes. Si les univers se succèdent sans continuité à un rythme parfois vertigineux, il n'y a pas de rupture entre les deux instrumentistes qui tentent continuellement de fusionner, et c'est dans la dynamique que la symbiose est la plus achevée, chacun venant toujours renforcer la dynamique de chaque proposition musicale/sonore. Par contre, chaque proposition est systématiquement fracturée par celle qui lui succède, d'où l'aspect perpétuellement kaléïdoscopique de ces improvisations. 

Les propositions et les territoires investis par eRikm & Doneda sont vastes et variées: du léger souffle craquelé et cuivré de Doneda à ses harmoniques vertigineuses et ses boucles puissantes ainsi que sa radio, en passant par les innombrables collages jazzy, breakcore, romantiques , et techno - typiques d'eRikm - et ses manipulations et dégradations d'archives radiophoniques et de disques; on ne sait plus vraiment où donner de l'oreille ni à quoi s'attendre malgré l'absence de renouvellement technique. C'est plutôt du côté du relief produit par les différentes dynamiques que dans la matière sonore elle-même qu'il faut chercher quelque chose de frais et de puissant en fait.

Grand collage improvisé et épileptique de projectiles sonores, de techniques étendues, de virtuosité  et de dynamiques variées, Razine n'est certes pas marquant pour sa nouveauté, mais il demeure un disque puissant, explosif et jouissif.