Wade Matthews - Early Summer (Con-v, 2010)


Wade Matthews: laptops, field-recordings

Quelques mois avant la sortie du duo Doneda et Rombolá (chroniqué ici), Con-v publiait déjà le deuxième album électronique et solo de Wade Matthews. Comme à son habitude, il nous livre ici de courtes pièces électroacoustiques et improvisées, aussi virtuoses que variées.

Ce qui frappe d'emblée durant ces dix pièces, c'est la diversité et la variété. Diversité des matériaux d'abord, car Matthews exploite de nombreuses sources allant des animaux aux marteaux-piqueurs en passant par des sirènes (pour ce qui est des field-recordings), et il génère parallèlement de nombreux sons numériques à partir de son laptop, synthétisant, modulant, agençant et superposant le tout grâce à un second ordinateur. Quant à la variété, je pense surtout à la multiplicité des environnements sonores qui vont de l'atmosphère saturée et harsh-noise à l'ambiance froide et minimale en passant parfois par l'univers indus. Néanmoins, ce tout est savamment agencé dans la mesure où nous ne savons jamais si c'est hétéromorphisme des sources sonores et des outils de manipulation qui aboutit à la variété des univers ou si ce sont les paysages qui nécessitent ces mises en œuvres hétéroclites. 

Après, même si c'est parfois agréable de se laisser promener d'un univers à un autre, il ressort quand même de cette expérience onirique une impression d'évanescence et d'inachèvement. L'exploration de chaque paysage gagnerait en puissance, en intensité et en présence si elle était plus profonde et systématique, on aurait certainement moins l'impression de se balader dans une fête foraine électroacoustique. Au lieu de stimuler mon imagination comme Wade Matthews le souhaitait en jouant ces pièces, la durée réduite des pièces et donc le manque d'approfondissement de chaque idée me laissent plutôt un certain goût amer d'inachèvement.

Ceci-dit, malgré l'aspect collage surréaliste et zapping, il y a tout de même une certaine homogénéité dans le son comme dans l'ambiance qui assure la cohésion de l'ensemble, sans parler de l'aspect formellement musical (mélodie, rythme) souvent sous-jacent. L'ensemble de ces matériaux et de ces pièces en général est si savamment équilibré et agencé qu'il me paraît extrêmement difficile de s'ennuyer. Wade Matthews nous offre une architecture sonique virtuose et très riche (ce qui, hélas, ne l'empêche pas de manquer parfois de consistance) répartie en dix improvisations très marquées par la diversité et la multiplicité.

Tracklist: 01-Untitled Beginning / 02-Bagging, Creaking, Driving Dipping, Laughing, Chirping, Stop / 03-Mouna finds a wall at all jeser, why? / 04-In my dream, it almost fit / 05-Se habla... Pero no está permitido hablar / 06-Un chien castillan / 07-All the names I could think of for this one were too evocatives / 08-Parcours par couches / 09-Delvaux / 10-Untitled ending