Puttin' On The Ritz - White Light / White Heat


PUTTIN' ON THE RITZ - White Light/White Heat (Hot Cup Records, 2010)

BJ Rubin: voix
Kevin Shea: batterie
Moppa Elliott: contrebasse
Jon Irabagon: saxophone
Sam Kulik: trombone
Nate Wooley: trompette
Matt Mottel: claviers (Sister Ray)

01-White Light / White Heat
02-The Gift
03-Lady Godiva's Operation
04-Here She Comes Now
05-I Heard Her Call My Name
06-Sister Ray

1968, le Velvet Underground, mené par Lou Reed, enregistre une des perles de l'histoire du rock: White Light / White Heat. 42 ans plus tard, l'album n'a pas pris une ride et est toujours adulé par un cercle de plus en plus ouvert. A New-York, le duo Puttin' on the Ritz, initialement composé de BJ Rubin et Kevin Shea, enregistre un deuxième album chez Hot Cup, qui reprend morceau par morceau l'album légendaire du Velvet.

Pour cette entreprise, le duo est nettement enrichi par des musiciens new-yorkais déjà présents sur les productions Hot Cup: Elliott et Irabagon de Mostly Other People Do The Killing (comme Kevin Shea), l'excellent trompettiste Nate Wooley (qui a récemment enregistré deux très bons duos avec Joe Morris et Paul Lytton), ainsi que le tromboniste Sam Kulik et le claviériste Matt Mottel (Talibam!). Dans cette interprétation, une mention spéciale revient MJ Rubin qui est totalement imprégné et submergé de Lou Reed, sa voix rend à merveille les accents parfois lancinants, parfois éructants, mais toujours très émotifs de Lou Reed. Vous l'avez remarqué, l'instrumentation n'a bien sûr plus rien à voir, mais on peut retrouver quelque chose de la texture sonore originale dans les riffs de basse évidemment (aussi joués par le trombone), mais il y a également quelque chose du violon de John Cale dans le son gras et rauque de Wooley, comme il y a quelque chose de l'hystérie de Lou Reed dans les cris d'Irabagon.

Cependant, à partir d'une instrumentation hétéroclite (claviers, guitares, violon, batterie), le Velvet avait su trouver une texture et une couleur homogènes et massives, qui reflétait bien une certaine aspiration à la vie communautaire. Au contraire, PotR, comme dans les autres projets de Moppa Elliott, tend vers une autonomie des voix et vers une liberté assez individualiste parfois exagérée, notamment dans les improvisations de groupe. Ce qui donnait une force et une énergie extraordinaires à MOPDTK, retire ici un des principaux atouts du White Light / White Heat (de Velvet Underground): l'autonomie des voix, en plus de la destructuration et de la complexification des rythmiques, enlève les aspects obsessionnels, lancinants et communautaires de l'original (ce qui est tout particulièrement flagrant sur Sister Ray - le plus grand morceau de l'histoire du rock!)

Il n'en reste pas moins que PotR a su trouver une voie différente mais tout aussi énergique, qui a en plus le mérite d'allier une grande d'interprétation à une liberté de ton sans compromis: un cocktail explosif et savant de riffs des 60's, de phrasés proches du groove au saxo, proche de l'avant-garde à la trompette, et proche de la schizophrénie à la batterie, un assemblage qui détonne mais ne paraît jamais surréaliste ou incongru. Un hommage sincère, touchant, énergique et créatif, qui sait allier la musique actuelle à des réminiscences de multiples passés.