Pascal Battus & Dafne Vicente-Sandoval

Dafne Vicente-Sandoval est une bassoniste discrète qui a sorti très peu de disques mais qui multiplie les collaborations avec de nombreux musiciens remarquables depuis quelques années. Pour l'instant, la seule chose que j'ai entendu d'elle, ce sont deux disques publiés sur Potlatch : remoto (avec Klaus Filip) et ce nouveau duo avec Pascal Battus. Si le premier était une longue suite de sinusoïdes et de notes tenues très faibles, une suite d'une douceur austère et d'un minimalisme radical, ce nouveau disque étonne par son dynamisme et son énergie.
Je ne trouve pas les deux disques qui composent cette nouvelle sortie si différents, même si sur le premier l'amplification change quelque peu la donne. Au niveau dynamique, il y a de plus grands écarts, au niveau sonore, la palette est plus large, au niveau des textures c'est plus granuleux, plus saturé, et ainsi ce premier disque (intitulé Marne) paraît plus riche, plus complexe et ressemble plus à de la musique électroacoustique, que le deuxième (Seine), où Dafne Vicente-Sandoval délaisse ses micros et table de mixage pour n'utiliser plus que le basson, comme Pascal Battus qui laisse ses microphones pour n'utiliser plus que des papiers, plastiques, polyesthers et ses fameuses surfaces rotatives.

Mais dans le fond, je ne crois pas que le principal soit là. Tout n'est pas qu'une histoire d'outils, d'instruments et de textures. Ni de dynamiques. Le principal c'est peut-être la relation musicale qui s'est tissée dans ce studio d'enregistrement. La volonté d'explorer ensemble et de composer une nouvelle musique. Enfin nouvelle c'est vite dit, parlons plutôt de volonté de composer une musique avec du caractère. Car en fin de compte, sur ce disque, on se retrouve avec des larsens de table, des objets frottés et amplifiés par micro contacts, du bruit blanc, du souffle, des longues notes tenus : ce qu'on retrouve dans beaucoup de disques post-EAI ou réductionnistes en somme. Et pourtant il semble y avoir quelque chose en plus, ce que j'appelle le caractère. Pascal Battus et Dafne Vicente-Sandoval naviguent sur des terrains connus mais ils ont quelque chose de plus en commun. Quelque chose de discret et de subtil dans leur rapport au son, aux interactions. Pour moi ce duo se démarque car il ne cherche pas vraiment à se démarquer, pas ouvertement. Déjà, il y a les instruments, les sources sonores qui font que cette musique ne peut pas vraiment ressembler à aucune autre. Ce duo utilise un langage commun, mais tout de même personnel, avec son caractère propre et sa distinction.

Battus et Vicente-Sandoval fabriquent un univers sonore riche, un univers composé à deux de manière complémentaire et intime, où les musiciens tendent à se réunir sans pour autant se confondre : ils jouent sur les mêmes dynamiques et sur les mêmes intentions sans chercher à se ressembler, à se copier ou se dupliquer. Et puis il y a cette manière de composer la musique. Pascal Battus et Dafne Vicente-Sandoval fabriquent une musique intermédiaire qui se situe entre le calme et l'énergique, entre le bruitisme et la musicalité, ils naviguent sur un fil tendu entre une tension permanente et une détente constante sans faire dans la facillité des formes établies, et c'est ce qui fait le caractère de ce disque.


PASCAL BATTUS & DAFNE VICENTE-SANDOVAL (2XCD, Potlatch, 2016) : http://potlatch.fr/records/116/main.html


Merzbow - Life Performance

1985, c'est mon année de naissance, donc je ne pourrais pas trop parler de cette époque, mais seulement de comment je l'imagine. Pour moi c'était quand on parlait d'indus à la place de noise, quand Throbbing Gristle et Nurse With Wound étaient les chefs de file des musiques extrêmes et expérimentales. C'était avant que l'ordinateur ne se généralise, avant les copinages entre la noise et l'improvisation (avant l'arrivée de Zorn au Japon donc). Une époque où la musique improvisée et l'indus avaient déjà connu leurs heures de gloire et où il fallait que quelque chose de nouveau arrive. Et ce quelque chose c'est peut-être bien Merzbow, l'homme qui a donné une seconde vie à l'indus, qui a dédié sa vie au bruit sous toutes formes, qui est le fondement du japanoise et du harsh noise.

Cependant, après plusieurs centaines de publications depuis plus de trois décennies, je pense qu'on est maintenant pas mal à être fatigué de Merzbow. Le trip bondage, les murs de bruit harsh, les multiples collaborations avec les stars de l'indus, du drone, de la noise ou de l'impro, ça ne prend plus vraiment. Mais un retour en arrière parfois ça fait du bien. De mon côté, j'ai commencé à écouter Merzbow dans les années 2000 seulement, alors que l'ordinateur occupait une grande place dans sa musique, que la japanoise avait un gros succès en Europe et aux Etats-Unis (grâce à Tzadik entre autres), etc. Le rythme de publication de Merzbow étant ce qu'il est, je n'ai jamais vraiment pris le temps d'écouter ses premières publications, de faire de retour en arrière pour voir comment il avait commencé, et voilà qu'aujourd'hui j'écoute Life Performance, cette réédition d'une cassette de 1985 (éditée par ZSF, le label de Masami Akita et par le label français Le Syndicat à l'époque), une réédition vraiment bienvenue et renversante en fait, qui me fait aimer à nouveau la superstar japonaise du harsh noise.
Life Performance, ou Nil Vagina Mail-Action, est une longue suite d'une heure composée uniquement avec du matériel analogique. Le plus surprenant dans ce CD reste certainement l'utilisation très fréquente de tape loops. Une bribe de chants retournée sur elle-même, saturée, et rythmée qui laisse présager les futurs innovations de Jason Lescalleet ou Aaron Dilloway. Des boucles qui font le lien entre l'indus et la noise. Merzbow les utilise pas tellement dans un but politique et pour détourner la technologie, mais parce qu'il avait ça sous la main pour faire du bruit. Peu importe les sources avec Merzbow souvent, seul le résultat compte. Et ce résultat, ce sont des murs de bruit blanc, des fréquences extrêmes, une tension permanente, le bruit blanc et les ultrabasses explorés dans toute leur intensité, pour une musique organique, une méditation de l'extrême.

Les larsens, le bruit blanc, les voix poussées à l'extrême sont présents, mais il y a ces tape loops. Ces boucles qui donnent du rythme, qui détruisent les médias, ces boucles subliminales et entêtantes qui entrecoupent chaque mur de harsh noise, ou qui en forment la source. Les tape loops sont superposées, fracturées, saturées, enrichies de larsens extrêmes, passées au filtre de pédales d'effets pour former une longue symphonie bruitiste de la destruction et de la déconstruction des bandes. Mais il ne s'agit pas d'une destruction nihiliste, il s'agit avant tout de créer une nouvelle musique, les bandes sont une source sonore comme une autre qui vont créer les textures bruitistes que l'on continuera d'utiliser pendant encore quelque décennies : ces tetxtures extrêmes, sauvages, brutales, inaudibles pour certains, jouissives pour d'autres, toujours d'actualité en 2016, ou totalement obsolètes pour d'autres musiciens. Il s'agit des premiers pas de cette musique donc qui a chamboulé les années 90 surtout, mais qui n'a pas dit ses derniers mots.


MERZBOW - Life Performance (CD, Cold Spring, 2016) : http://coldspring.co.uk/discography/csr218cd/#.V0fUYeTpzO8



Coppice - Bypass Ideal

Coppice est certainement le projet le plus étonnant que j'ai entendu ces dernières années. Aussi bien au niveau sonore qu'au niveau conceptuel ou éditorial, Joseph Kramer et Noé Cuellar ne cessent de proposer des choses nouvelles, innovantes, intelligentes et pertinentes. Depuis environ 5 ans, je suis avidement  l'actualité de ce duo et suis toujours comblé par chacunes de ses éditions, même plus en fait, au fil des années, j'admire de plus en plus ce duo pour ses propositions toujours plus innovantes et en vient à le considérer comme un des projets les plus importants de cette décennie.
La dernière chose que j'ai entendu donc de Coppice, c'est une étrange cassette nommée Bypass Ideal. Etrange dans la forme comme dans le contenu. Formellement, ce qui est surprenant c'est que cette cassette provient d'un enregistrement live qui a été divisé en deux. La performance originale était une commande pour ghetto blaster et harmonium, réalisée en 2013. Coppice a décomposé cet enregistrement en deux parties : la partie harmonium étant sur une face, et la partie ghetto blaster sur l'autre. On se retrouve avec deux parties qui, à l'origine, doivent être entendues simultanément, mais qui ici sont séparées pour une nouvelle écoute domestique, sans possibilité de restitution de la version originale... Coppice joue sur l'obscur rôle des enregistrements et de l'écoute quotidienne. Des disques censées restituer des performances, des compositions, mais qui ne peuvent s'écouter que dans un contexte (chez nous) sur lequel les artistes n'ont aucun pouvoir.

Au niveau du contenu, je n'avais encore jamais entendu ce fameux duo jouer sur quelque chose d'aussi minimaliste et austère. Les deux faces sont deux évolutions parallèles de sonorités froides, simples, sales. Une sorte de bourdon avec un peu de bruit blanc, linéaire, qui évolue très peu, sans transformation, sans effets, et une autre sorte de drone tout aussi linéaire, avec quelques notes épurées, lointaines, grises. Le duo explore ici un nouveau paysage sonore mystérieux, étrange et paradoxal. Il explore un espace rebutant par son austérité mais tout de même absorbant. Ca nous absorbe parce que la composition va tout de même au-delà du drone et de formes convenues dans les musiques électroniques ou électroacoustiques. Le son change minutieusement, pendant de longues durées, avant de passer brutalement une porte et de se retrouver dans un autre territoire. C'est absorbant parce qu'il se passe toujours quelque chose, quelque chose de minutieux parfois, quand notre rêverie n'est pas sauvagement interrompue pour passer à une autre texture sans avertissement.

Et quand on n'arrive pas à prévenir ce qui va suivre, c'est bon signe pour moi. Quand la musique nous plonge dans un état d'attente, de questionnement et de tension tout en utilisant un minimum de moyens, le tout avec des sons entendus nulle part ailleurs, c'est qu'on est face là à quelque chose de vraiment réussi, de créatif, inventif, intelligent et tout ce que l'on veut, mais pas face à une expérimentation conventionnelle.


COPPICE - Bypass Ideal (cassette, 2015, Hideous Replica) : http://www.hideousreplica.co.uk/HR9


Jeph Jerman & Tim Barnes - Versatile Ambience

Jeph Jerman, musicien électoacoustique, et Tim Barnes, percussionniste et musicien électroacoustique aussi, collaborent depuis une dizaine d'années maintenant. Il y a eu quelques éditions de ce duo en tirage limité au cours des dernières années, mais c'est seulement l'année dernière que le duo a vu sa première "vraie" édition avec Matterings sur erstwhile, pour revenir un an après avec Versatile Ambience, certainement ce que j'ai entendu de mieux de ces musiciens, qu'ils soient en duo ou non. Ca fait quelques temps maintenant que je souhaite écrire sur ce disque mais que je ne sais pas comment m'y prendre. D'un côté, leur musique paraît convenue, elle ressemble à de plus en plus de ces "jeunes musiciens et compositeurs américains (ou non)" que l'on retrouve sur erstAEU notamment, mais en même temps, à chaque fois que je l'écoute, j'ai l'impression qu'il y a un quelque chose de plus : comme un mélange de maîtrise, de maturité et de talent surtout.
Versatile Ambience est composé de deux pièces qui explorent l'opposition entre le concret et l'abstrait, entre le musical et le bruit, à travers deux montages opposés. Dans un premier temps, il s'agit pour le duo de mettre en avant l'abstraction du son à travers des enregistrements au premier abord musicaux. Des enregistrements instrumentaux (qui pourraient être extraits d'un concert de Beuger ou Malfatti) accompagnés de field-recordings caractérisés par des rythmes naturels cycliques, des chants animaux discrets, etc. La superposition de ces éléments qu'on a l'habitude de qualifier de musicaux rend ces derniers abstraits, dénués de musicalité. Le montage et le mixage effaçent le caractère musical de ces objets sonores pour explorer le son sans préjugés, pour explorer le son à l'état pur, le son dénué de nos attentes et de nos repères musicaux.

Des plongées dans le son à l'état pur, ça fait quelques années qu'on en entend régulièrement, et c'est avec la deuxième piste que tout prend son sens. Le duo propose alors une musique plus "électroacoustique", plus électronique. Le duo s'aventure maintenant dans la vie parasitaire des machines, il joue avec les feedbacks, les reverb, les delays et compagnie. Il ne s'agit plus d'explorer l'abstraction propre aux phénomènes sonores jugés musicaux, mais d'explorer la musicalité propre aux phénomènes sonores jugés abstraits. Le système est le même : à travers le mixage, le montage, le choix des phénomènes sonores, à travers la composition en somme, Jeph Jerman et Tim Barnes parviennent à rendre le bruit musical, à créer une symphonie bruitiste avec ses crescendo, ses tensions et ses détentes, son découpage et sa constuction précise.

Rien de nouveau dit comme ça, mais le simple fait d'explorer ces deux opposés forme un tout qui est l'exploration d'un territoire ambigu. Jeph Jerman et Tim Barnes ne sont peut-être pas si intéressés que ça par la musicalité du bruit ou l'abstraction des notes, mais peut-être beaucoup plus par ce qui se passe entre les deux, par le flou qui délimite ces opposés et l'absence, dans la musique actuelle, de frontière claire entre les objets musicaux et non-musicaux, l'absence de limites à la musique - qui n'est plus restreinte par des instruments, des sons précis, un espace scénique, un mode de diffusion, la composition, des rythmes ni quoi que ce soit.

Jerman et Barnes proposent quelque chose de clair ici, de clair et de maîtrisé. Ils le proposent à travers deux pièces conçus avec précision, finesse, et subtilité. Il y a des clichés, c'est sûr, mais il y a quelque chose qui fait qu'on a envie d'y revenir, plusieurs choses en fait : la teneur du propos et la puissance du hors-propos, la composition en elle-même, la gestion de l'environnement sonore, et la décontextualisation du son. Tout ça est abstrait, surtout pour dire que c'est surtout très bon et prenant.


JEPH JERMAN & TIM BARNES - Versatile Ambience (LP, Idea Intermedia, 2016) : http://ideaintermedia.com/


Marc Baron - Carnets

Le "retour" de Marc Baron sur la scène, son troc du saxophone pour un kit de synthétiseurs et de magnétophones, et son tournant donc, vers une musique électroacoustique, ont été largement remarqués avec Hidden Tapes, un disque superbe qui a fait l'unanimité. Pourtant, l'aventure électroacoustique de Marc Baron ne s'arrête pas là, un autre disque est sorti quelque mois plus tard, où l'intérêt de ce dernier pour la dégradation des bandes et la diffusion du son restent au premier plan, il s'agissait de Carnets.

Pourquoi ces Carnets passent-ils plus inaperçus que Hidden Tapes ? Ok, peut-être que Glistening Examples, le label de Jason Lescalleet a moins de notoriété que Potlatch (qui a sorti HD), oui une édition vinyle éditée en tirage très limité (70 exemplaires) ambiance œuvre d'art est certainement moins accessible qu'un gros tirage CD, mais pourtant, ces Carnets sont aussi remarquables que la première incursion de Marc Baron dans le domaine des bandes.

Ces deux disques sont assez proches dans la forme comme dans le contenu, mais on va quand même arrêter là les comparaisons : peut-être que je vais me répéter mais peu importe, il s'agit de deux disques différents. Les Carnets rassemblent quelques unes des premières expérimentations de Marc Baron avec des installations analogiques et électroacoustiques. Des bandes, des synthétiseurs, des magnétophones, et des enceintes. Le changement paraît radical par rapport au saxophone, car l'installation électracoustique permet des juxtapositions et des collages, mais pourtant, les précédents projets de MB ne sont pas si éloignés de cette nouvelle forme de solo. Quand j'ai vu ce dernier avec le trio OZ en 2007 ou avec le quartet Propagations en 2009, ces formations étaient pleinement conscientes de comment certains types d'ondes (acoustiques ici, du moins instrumentales) se propagaient dans tel ou tel lieu (en fonction de l'architecture, des matériaux de construction, du public), et ils en jouaient autant que MB aujourd'hui avec son projet électroacoustique.

Dorénavant, Marc Baron peut intégrer les haut-parleurs ou le casque ainsi qu'une foule de possibilités électriques et analogiques à son répertoire de "sons à projeter". Sa musique est faite de bandes vieillies, filtrées ou manipulées, d'ondes et de sons synthétiques, de bruit blanc et de triturations électriques ou électroniques. Autant d'élements parfois bruitistes, parfois mélodiques, parfois harsh et parfois méditatifs, concrets ou abstraits, qui forment une longue symphonie d'éléments sonores qui se font écho, qui se superposent, qui se découpent, qui s'entremêlent. Les techniques et les sources sont vastes : on retrouve des sons de synthé, des bandes de field-recordings, des enregistrements musicaux, du bruit électrique, le tout monté à la manière d'un collage, ou découpé abruptement parfois, avec des effets naturels dus aux bandes ou d'autres dus à des filtres, à un égaliseur, à de la reverb, à la stéréo, etc. Donc oui, le répertoire de Marc Baron est vaste, très vaste, parfois convenu, et parfois inattendu, et l'espace ne cesse de se remplir d'une symphonie orchestrée de manière équilibrée, personnelle et intelligente.

Mais le plus surprenant reste peut-être le rapport au temps et à la narration. Car oui, la musique électroacoustique a cette particularité de sonner vieille et moderne en même temps. Toutes ses bandes vieillotes et ses outils pas tout jeune travaillés de manière contemporaine, travaillés de manière à explorer leur dégradation, tout cela nous plonge dans un univers sans âge. Il y a donc le son propre au matériel d'un côté, qui amène ce côté atemporel, mais la construction également de ces pièces. Marc Baron évolue dans le son de manière fluide souvent, comme un nageur, avec douceur. La temporalité de chaque événement semble noyée dans le tout, dans la narration. On ne sait jamais combien de temps un élément sera utilisé, ni combien viendront se joindre à lui et pour combien de temps. Le temps se déroule ici comme dans un rêve, avec une logique propre mais inconsciente, ce qui est accentuée par le travail sur la vitesse de lecture et les filtres. Est-ce un travail sur la mémoire, sur le temps, sur la dégradation du son, sur la narration ? Peut-être tout cela en même temps, en tout cas c'est ce que j'apprécie certainement le plus dans ces travaux : une exploration onirique et atemporelle de phénomènes sonores vastes et subtilement agencés.



MARC BARON - Carnets (LP, Glistening Examples, 2015) : https://glisteningexamples.com/2015/12/16/marc-baron-carnets-glex1503/